p(H)ommes de terre, Thomas Vinau, René Lovy







 
La voix de toute une population, le peuplement d'une voix.

          Tout un tas de mots coincés entre les dents tombées de patates, pensées profondes, mordantes voire vindicatives, qu'on n'ose prononcer fortement, mais sûrement, laborieusement cultivées.

          Ces voix se rehaussent, ou plutôt s'écoulent du travail sculptural de René Lory, mis en sens par la main ferme mais tendre de Thomas Vinau.

          Il y a là la récolte d'un dépassement de la singularité de chaque p(H)omme fondu dans un universel potager humain, le temps silencieux du dedans enfin dehors.







p(H)ommes de terre, Thomas Vinau, photographies, René Lovy, Editions de La Boucherie littéraire, 2015




Juste envie de souligner, Thierry Radière






 
Poésie confidences

          Il y a comme une mise en scène de l'acte de la part de Thierry Radière, à la recherche de quelque chose d'enfoui mais non véritablement perdu, entre événement et certitude, où en fin de compte l'acte simple en lui-même permet d'équilibrer la main, stabilise l'impression sensible et fugace de précarité et ramène ou plutôt achoppe au quotidien.

          Les différentes immersions semblent autant de retours en arrière que de recul nécessaire pour apporter une matérialité au mot, avec la conscience que ce n'est peut-être pas bien important, mais tout de même une (très) bonne raison pour avoir Juste envie de souligner.






Juste envie de souligner, Thierry Radière, Éditions La Porte, 2015


Éditions La Porte, Yves Perrine, 215 rue Moïse Bodhuin, 02000 Laon




Sillages improbables, Véronique Joyaux







          Découverte par Les âmes petites, aux Carnets du Dessert de Lune. Un recueil immensément humain et irrépressible.
          Sillages improbables procède d'une autre dynamique, plus intérieure mais pas moins "domestique". Attiré d'abord par le partage d'un large empan lexical, puis. Véronique Joyaux, dans une écriture tantôt contemporaine, tantôt plus « classique », fixe des tableaux où s'alternent intimité, indignation et interrogation. La plupart délinéant un instant questionnant tacitement et avec simplicité sa compréhension du monde, de soi, de la place à y tenir.

          Quand on ne comprend plus / n'adhère plus au monde, on s'accroche à en chercher un sens ailleurs. De ce fait l'écriture y est prépondérante, en tant qu'exutoire, outil, et objet. L'auteure se penche sur ces improbables sillages que sont les mots comme un moyen d'obtenir une préhension sur, être certaine de la palpabilité des toiles traversées, et poursuivre sa route.






Sillages improbables, Véronique Joyaux, illustrations Claude Perchenet, Éditions Les Carnets du Dessert de Lune, 2015



 

Calepin, Heptanes Fraxion







Aux premières impressions : kraft et lignage, graphisme sympa, cohérent, objet original, souple, comme son écriture.
Puis, on baigne, on part avec. Va savoir pourquoi, en le lisant, le narrateur a pris la voix de Rorschach, (film Watchmen). Avec un narrateur comme ça, on ne peut que...
Un goût de Sur la route, contemporain, un Sur sa route et ses rencontres. S'il y avait de l'arrache, c'était très bien, ça apporte de l'immersion, de l'immédiateté. On assiste, accompagne, compagnon, on marche avec (mais je l'ai déjà dit). Bref, un grand petit concentré. 






Calepin, Heptanes Fraxion, illustration de couverture, Vince Larue, édition-impression, Jan Bardeau, 2014



(sport), Marcella - Pépée







(sport), mal barré.
(sport) au sein d'un catalogue de poésie, mal barré.
Mais...
A lire (sport) c'est (re)découvrir derrière [vie]. C'est planter des crochets.

Les textes sont une série, où se déclinent des actions, distillées entre illustrations story-boardées, comptines presque enfantines et reprises de souffle profond(es).
Cette pratique du (sport) ne cache pas sa poétique de la souffrance, ici souhaitée et éclairante, constructrice, permettant d'aspirer/équilibrer une [vie] acidulée et optimiste.


Livre à pratiquer sans modération.






(sport), Marcella, illustrations de Pépée, Éditions Les Carnets du Dessert de Lune, 2015




Quelques Microsecondes sur Terre, Perrin Langda







          Quelques microsecondes plus quelques microsecondes, Perrin Langda interroge en microcosme ou macrocosme l'individu fourmi, sa condition et sa position. Amour, guerre, mondialisation, malbouffe, cybernétique et cyberespace et j'en passe sont abordés dans une forme contractée mais décontractée, sur un ton tantôt acide, tantôt acidulé.
          Quelques microsecondes plus quelques microsecondes, il nous ramène d'histoires de vie(s) à l'échelle terrestre, les deux pieds bien campés plein dans la ligne Gros Textes.






Quelques Microsecondes sur Terre, Perrin Langda, Les Tilleuls du Square / Gros Textes, 2015